Nous sommes à St Malo depuis plusieurs jours, la fièvre augmente, inefficacité redoutable des antibios.
Direction le médecin de famille cette fois. La prise en charge est différente et j'ai affaire à quelqu'un de beaucoup plus rigoureux, c'est parti pour une batterie d’examen : analyse de sang, radio des poumons (une petite toux s'est invitée aux symptômes) …
24h plus tard, verdict : mononucléose. A confirmer par des examens complémentaires.
Quelle plaie…Rien à faire à part attendre, Doliprane toutes les 4 à 6h. Patience.
Nous quittons St Malo, Tymeo fait sa rentrée scolaire en CP ! Un grand moment sauf que j'ai toujours des pics de fièvre à 40/41°, la nausée…Je n'arrive plus à me lever, à manger et encore moins à l'accompagner dans cette étape. Ça peut paraître futile, mais c'est inconcevable pour moi de ne pas être présente. Je me bourre de doliprane et je me traîne jusqu'à l'école. Maman entière et dévouée, rien ne me fera renoncer. Avec le recul, je me dis que tout ça est bien ridicule. Je pense qu'il n'a aucun souvenir de cette journée…
Les jours se succèdent, la fièvre ne baisse pas. Les nouvelles analyses ne confirment pas la mononucléose. Zut. Nouveaux moments d'inquiétudes. J'arrive de moins à moins à manger, j'ai déjà perdu quelques kilos (rien de bien grave, j'avais un peu de reste de ma dernière grossesse…).
J'ai toujours cette petite boule dans mon sein. Une petite boule qui devient de plus en plus proéminente. Elle grossit, je maigris ; elle se voit à l'œil nu maintenant.
Nouveau médecin, toujours doctolib last minute, toujours catastrophique. Il s'agirait maintenant d'un CMV : "CythoMégaloVirus". Hummm jamais entendu parler, ça paraît ch…mais pas dangereux ! Ouf.
La boule dans le sein ? Non rien, probablement un kyste. Pas de lien possible ; je suis rassurée.
Par contre, les résultats hépatiques sont mauvais, on m'envoie maintenant vers un spécialiste, un gastro-entérologue. Je tombe sur un médecin d'une ancienne génération, très méticuleux et attentif. Enfin quelqu'un à qui je peux, me semble-t-il, me fier.
La fièvre continue de me tarauder ; on est maintenant mi-septembre et toujours pas vraiment d'amélioration.
C’était la première fois que je suis en arrêt maladie. J’ai toujours vu mon père travailler. Beaucoup. Ma mère s’est occupée de nous jusqu’à mes 9 ans puis elle s’est à son tour immergée dans le monde de travail. J’ai été élevée avec une considération sociale de valeur la travail placée en haut de la pyramide de Maslow. Dans la famille, on se plonge dans la vie professionnelle avec dévotion.
Plus qu’une nécessité, le travail représente pour moi une véritable vocation qui fait partie intégrante de mon équilibre. Après quelques années ingrates et dépourvues d’intérêt profond chez Deloitte, comme auditrice financière, j’ai enfin trouvé mon épanouissement chez medici.tv, plateforme de streaming de musique classique. Plus qu’une simple offre de VOD, medici.tv est une plateforme au service de la culture et des artistes qui s’engage à faire rayonner dans le monde entier le meilleur de la musique classique dans toute sa diversité et sa richesse. Une mission qui fait écho à des convictions intimes et personnelles. Vincent étant musicien, nous évoluions depuis plusieurs années dans la sphère du spectacle vivant. J’alliais ainsi mes aspirations professionnelles avec mes intérêts personnels, j’adhérais à un projet d’envergure internationale et je participais à un projet de démocratisation de la musique classique… Embauchée quasiment à l’origine du projet comme directrice financière, j’ai ensuite évolué comme directrice des opérations. Je gère et coordonne désormais l’ensemble des activités de la société et je suis garante de sa bonne gestion. Un champ assez large de responsabilités qui occupe une grande part de mon esprit et de mon temps.
Et pour la première fois de vie, mon corps ne répondait plus. J’étais à l’arrêt total. Incapable de réfléchir. J’avais atteint un tel niveau de fatigue, que je me sentais démunis de toute forme de culpabilité ou de frustration. Un sentiment bien étrange. De quoi ébranler considérablement la structure de mes schémas de valeurs sociales relatives au travail...et de prendre un peu de recul!
Après un scanner et une écho abdominale et des nouvelles analyses de sang, la piste du CMV est maintenant remise en question. Les antigènes retrouvés seraient relatifs à une infection ancienne, qui serait passée inaperçue… En revanche, le foie a doublé de volume, on conclut à une hépatite médicamenteuse. Après 3 semaines de doliprane non-stop, rien de très étonnant.
Bref, je n'y comprends rien, je suis dans le flou total. Je continue à perdre du poids, ça qui ne m'amuse plus du tout. J'arrive à m'assoupir entre 2 prises de médicament. Mais dès que l'heure approche, la fièvre s'empare de moi, je frissonne, je transpire, je me sens au plus mal…je me dis à chaque fois que le prochain coup je ne tiendrai pas, sans vraiment savoir ce que ça pourrait signifier. Puis l'action du paracétamol vient apaiser la douleur et permet un sursis supplémentaire, jusqu'à la prochaine prise de médicaments.
Il faut que je trouve ce qui m'arrive.
Toujours un peu inquiète de cette boule dans le sein. L'examen du scanner est semblerait-il rassurant. Le médecin qui analyse les clichés est formel : kyste liquide et ce n'est d'ailleurs pas le seul.
On me recommande un docteur généraliste mais aux pratiques assez ouvertes sur les médecines douces ; un bon point pour elle.
Je prends rendez-vous avec elle même si je reste, pour l'heure, encore assez sceptique et désabusée.
Mon dossier médical sous le bras et mon tube de doliprane dans la poche, je me rends à son cabinet sans trop d'espoir, fatiguée d'avoir à retracer une fois encore l'enchaînement de ces dernières semaines.
A ma grande surprise, je découvre, sous un visage un peu froid de prime abord, une femme d'une douceur et d’une empathie incroyable. Je ne reste pas moins de 1h30 avec elle, tout est analysé, questionné, remis en question… C'est la première fois que j'ai le sentiment d'avoir enfin quelqu'un qui cherche avec moi, qui n'a pas peur d'émettre des hypothèses, de reconnaître qu'elle ne sait pas et qui ne se cache pas derrière des phrases toutes faites pour vous rassurer (enfumer ?). "Allez passer vos examens et on se revoit dans quelques jours."
J'aborde avec elle aussi la question du kyste mammaire. "Lorsque que vous aurez un peu récupéré, on confirmera quand même le diagnostic avec une écho/mamo".
Nouveaux résultats : on revient sur le CMV, manifestement il y a eu une erreur dans le labo. Je suis atterrée : à qui se fier?
En revanche le diagnostic est complété, on parle maintenant d'un CVM et d'une pneumopathie à mycoplasme avec atteinte hépatique. Rien que la succession de ces termes barbares me filent la nausée.
C'est la version qu'on considéra comme la version officielle et définitive. On est fin septembre, les crises de fièvre sont maintenant moins violentes et plus ponctuelles. Le virus, celui-ci ou un autre, semble battre en retraite et finalement c'est le principal. Je suis éreintée, il faut que je me refasse une petite santé !
Ce docteur, devenue officiellement mon médecin traitant et avec qui nous échangeons toujours longuement, m’avertit : "les populations sont de moins en moins résistantes" : vaccinations à outrance, aseptisation de nos modes de vies. Là où avant on se forgeait une immunité à force d'être mis en contact avec des virus et des bactéries, le corps humain est maintenant de plus en plus démuni à l'arrivée de nouveau virus. "Je vois de plus en plus de cas inexpliqués" me dit-elle, de nouveaux virus, non-identifiés. Elle me confie s'inquiéter de ce double constat et craindre des pandémies…On est début octobre 2019, la Covid fera son apparition un an plus tard. Visionnaire.