Le 19 décembre, un an jour pour jour après les premières imageries, les dates continuaient de se jouer de moi. Le temps des premiers contrôles post-traitement était venu et j'étais attendue à la Pitié pour la classique série de test : écho/mamo/IRM.
Longtemps je me suis crue sereine et en totale maîtrise de mon stress. J'avais passé la journée au bureau à travailler. J'étais simplement partie plus tôt pour me rendre au rendez-vous en fin d'après-midi.
A ce moment-là, nous étions en pleine crise de gilets jaunes, les transports parisiens étaient paralysés. Dehors, il faisait froid mais le trajet en vélo et les palpitations naissantes à l'approche des examens me tenaient chaud.
L'écho et la mamo sont passées comme de simples formalités. Bizarrement, je n'avais confiance qu'en l'IRM. En réalité, j'aurais été encore plus rassurée avec un TEP SCAN. Depuis l'instant où nous avions découvert une tumeur au cerveau chez ma mère, la possibilité que des cellules cancéreuses aient pu migrer ailleurs dans mon corps me hantait. J'avais le sentiment que ces contrôles n'étaient pas la hauteur de mes préoccupations.
Pourtant je ne cours pas après les imageries, la nocivité des rayons lorsqu'ils sont utilisés à répétition m'angoissent. Mais la peur de la métastase est encore plus forte et me fait perdre toute notion de rationalité. A ce moment-là, le cerveau ne réclame qu'une chose : être rassuré.
Malgré tout, même si une petite once de doute persistait, j'ai vécu ces examens comme un immense soulagement. Je n'ai qu'un seul souvenir précis de ce moment : celui où deux femmes m'annoncent avec des voies enjouées et pétillantes que tout va bien. J'avais envie de les embrasser ! Elles ont mis autant de cœur dans cette joyeuse nouvelle que j'en ai eu à la recevoir.
Je suis ressortie aussi légère qu'une plume. Il faisait nuit. Le métro était toujours à l'arrêt. La station de Vélib était désespérément vide. Mais mes jambes fourmillaient d'impatience et d'excitation, prêtes à me faire traverser Paris tandis que j'appelai un à un, famille et amis, pour partager la nouvelle. C'est à ce moment-là que j'ai pris conscience du poids de l'anxiété qui m'habitait ces dernières semaines. Chez moi, le stress devient palpable dès lors qu'il a fait place au soulagement. Comme s'il se matérialisait par le contraste du bonheur qui lui succède.
Arrivée à République, je me suis engouffrée chez Rougier&Plé, une boutique de loisir créatif. Non contente de me réchauffée un peu les mains, j'étais déterminée à apprendre le tricot. Ma mère s'y était remise pendant ses traitements et elle avait laissé derrière elle des travaux inachevés. Je voulais prendre la suite. J'avais déjà récupéré de la laine et quelques aiguilles, je complétais l'attirail. Une manière d'être avec elle en ce jour particulier.
Arrivée boulevard magenta, peu avant la gare de l'Est, je trouvais enfin une trottinette avec un peu de batterie. Le plus gros était fait, il ne me restait plus très long à parcourir. Mais j'étais impatiente de rentrer embrasser Vincent et les enfants. Je grapillais ainsi quelques minutes.
C'est ainsi que la vie allait reprendre son cours ; au rythme des contrôles. Un enchaînement de périodes de stress et de grandes euphories.
Noël arrivait à grand pas. L'humeur n'était pas à la féérie cette année. Pour déjouer notre petit moral, nous avons pris la décision de passer les fêtes à la montagne. Direction Valmorel : Chalet et Noël blanc. Une bouffée d'oxygène qui nous a fait un bien fou. Toute la famille était réunie, de quoi réchauffer nos petits cœurs encore engourdis.