La technique de reconstruction mammaire par lambeau DIEP est la forme la plus avancée de reconstruction mammaire à ce jour. Le DIEP utilise la propre peau et graisse abdominales de la patiente pour reconstruire un sein naturel.
Le DIEP (Deep Inferior Epigastric Perforator) est un lambeau de peau et de graisse prélevé sur l’abdomen. Ces tissus sont très semblables à ceux du sein. Ils sont donc un choix idéal pour remplacer le tissu mammaire après une mastectomie.
Contrairement au lambeau TRAM, le DIEP conserve tous les muscles abdominaux. Seules la peau et la graisse sont retirées, comme au cours d’une abdominoplastie. Ne pas déplacer les muscles abdominaux signifie moins de douleurs post-opératoires, une récupération plus rapide, un maintien de la force abdominale, et moins de risques de complications. En outre, il permet de reconstruire un volume important.
Cette technique a été initialement décrite par un chirurgien japonais en 1991, mais ce ne fut qu’en 1994 que le Pr. Robert Allen la pratiqua cliniquement et s’aperçu des avantages importants du DIEP par rapport au TRAM. Puis la technique a été importée et développée en France par le Pr. Laurent Lantieri, spécialiste en microchirurgie.
Ce type de reconstruction mammaire nécessite néanmoins des compétences techniques en microchirurgie particulièrement exigeantes et une formation spécifique de haut niveau. Pour cette raison, peu de chirurgiens plasticiens offrent en France la possibilité de recourir au DIEP, trouvant plus facile de pratiquer le TRAM ou une reconstruction mammaire à l’aide implants.
Indication à l'intervention:
Afin de pouvoir bénéficier du DIEP, la patiente doit pouvoir présenter suffisamment de peau et de graisse sous le nombril, sans toutefois montrer des signes d’obésité.
A noter que des grossesses antérieures ayant conduits à des bébés de + de 4kg permet d'avoir des excès des tissus qui pourront être utilisés même sur des sujets minces.
Le tabagisme et les contre-indications liées à l’état de santé général sont également des facteurs rédhibitoires. Il est également possible que des interventions chirurgicales de l’abdomen antérieures contre-indiquent le DIEP.
Modalités de l'intervention:
En consultation préopératoire, le chirurgien pratique un angioscanner abdominal qui permet de repérer les veines et les artères qui serviront à la greffe. Au cours de l’intervention, pratiquée sous anesthésie générale, il prélève le lambeau de peau et de graisse situé sur le ventre de la patiente. Puis il place le lambeau au niveau du thorax (ou de l’aisselle, si ce n’est pas possible sur le thorax), en suturant à l’aide d’un microscope les vaisseaux du ventre à ceux du thorax (ou de l’aisselle). Une fois les vaisseaux suturés (anastomose), le sein est modelé en forme de sein.
L’intervention est réalisée le plus souvent en double équipe (2 chirurgien séniors) afin de réduire la durée de la procédure. En effet, selon la difficulté à prélever le lambeau, l’intervention peut durer 3 à 6 heures. Ainsi, la première équipe prépare le site receveur au niveau de la poitrine pendant que la deuxième s’occupe de la levée du lambeau abdominal. Une fois le lambeau prélevé, celui-ci est transféré au niveau thoracique, puis c'est le temps de la microchirurgie. Avec l'aide du microscope, les vaisseaux sont anastomosés permettant la revascularisation du lambeau qui reprend une coloration rosée. Ensuite une équipe réalise l'abdominoplastie pour refermer le ventre pendant que l'autre équipe adapte le lambeau pour lui donner la forme d'un sein. 2 drains (tuyaux avec bouteilles) sont mis au niveau du ventre. Des petits drains (très souples) sont également mis en place au niveau du sein reconstruit.
En fin d'intervention, après la réalisation des sutures et des pansements, la gaine abdominale est mise en place.
L'opération peut être réalisée pour un ou deux seins simultanément (double DIEP).
Au niveau du sein, les cicatrices sont situées au niveau de l’ancienne cicatrice de mastectomie (qui est refaite).
Au niveau du ventre, la cicatrice est horizontale au dessus du pubis, cachée dans les sous vêtements. Il y a également une cicatrice autour du nombril. Le ventre sera retendu, mais la zone sous le nombril sera insensible les premiers mois.
Comme pour toute intervention chirurgicale, des complications peuvent survenir. Une reprise chirurgicale peut être nécessaire si une thrombose artérielle ou veineuse survient (un caillot se forme dans l’artère ou la veine et le sang ne circule plus correctement), s’il y a présence de saignements avec formation d’hématome, ou si les vaisseaux suturés se bouchent.
Une nécrose graisseuse peut se produire dans le nouveau sein, pouvant conduire à une perte de volume, ou à la formation de petites boules (bénignes) au niveau du sein.
Au niveau de l’abdomen, il est possible que la patiente présente un sérome (accumulation de liquide en provenance des vaisseaux lymphatiques), des saignements. Un retard de cicatrisation peut parfois être observé.
Le taux d’échec de la technique est de 2 à 3% dans les équipes très entrainées, il est alors nécessaire de réaliser un lambeau de grand dorsal, dans la foulée, pour sauver la reconstruction.
Suites opératoires:
La patiente est étroitement surveillée durant les 24 premières heures après l’intervention, afin de vérifier que le lambeau est correctement vascularisé.
Le premier lever a lieu le lendemain ou le surlendemain de l'intervention. Petit à petit, les perfusions, la sonde urinaire et les drains sont retirés.
Les drains sont ôtés entre le troisième et le septième jour, durant l’hospitalisation qui dure environ 7 jours.
Le port d’une gaine abdominale est obligatoire nuit et jour durant 6 semaines, ainsi que d’un bas anti thrombose pendant 2 semaines et des piqures d'anticoagulant à faire tous les jours pendant 3 semaines.
Compter 4 à 5 semaines d'arrêt d'activité professionnelle et trois mois pour les activités sportives.
L’aspect du sein reconstruit va évoluer au fil du temps. Il faut donc compter environ 2 à 3 mois avant que le chirurgien ne puisse apprécier le résultat. Une fois le sein stabilisé, il pourra procéder à la symétrisation de la poitrine par lipostructure et à la reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire (PAM).
Forme et texture plus naturelle que des implants. La peau de l’abdomen est assez semblable à celle du sein. L'apparence est particulièrement naturelle, puisque le lambeau est formé de peau et de graisse. Bien modelé, il présente un galbe proche du sein
Pas de corps étrangers vs implants (risque cancerigène ? même si ça ne semble plus être le cas aujourd'hui, le risque n'est pas écarté à 100%.)
Le lambeau DIEP réagit aux variations de poids ;
Une radiothérapie ultérieure n’empêche par la reconstruction ;
Abdominoplastie en même temps que le DIEP ;
Pas de séquelles fonctionnelles ou douloureuses au niveau du ventre.
Opération douloureuse
Cicatrice importante au niveau du ventre
Risque d'échecs plus élevé que sur les autres techniques
Intervention longue
Risque de transfusion nécessaire (perte de quantité de sang importante)