J'effectuais donc ma convalescence au calme, à la campagne. Les infirmières passaient les premières semaines. Je retournais de temps en temps à l'hôpital pour effectuer des contrôles.
La cicatrisation était difficile. La plaie au niveau du sein droit avait du mal à se refermer. Je commençais à avoir des signes d'infection. Après l'épisode infectieux de ces dernières semaines, j'étais en alerte sur le sujet.
Manifestement, le diagnostic penchait en faveur d'un staphylocoque. Les analyses le confirma. Un petit souvenir de mon passage à l'hôpital...
Un soir, au détour d'une conversation avec Christian et Nelly, j'évoquais mes difficultés de cicatrisation. C'est un sujet qu'ils connaissaient bien et qu'ils leur étaient arrivé de traiter par l'hypnose. Nelly me proposa une séance.
Poussée par la curiosité, j'acceptais l'offre.
Je n'avais aucune idée à quoi m'attendre, si ce n'est ce qu'ils avaient pu m'en dire. Très loin des clichés qu'on peut avoir, une séance se passe en pleine conscience et en pleine possession de ses moyens. On entre progressivement en connexion avec soi-même et ce qui se passe est véritablement très intime. Le thérapeute nous guide à travers cette introspection, une sorte de cheminement collaboratif.
Au départ, je redoutais un peu de me mettre à nue devant une personne avec qui j'entretenais une relation amicale. La démarche est somme toute peu conventionnelle et peut paraître inappropriée dans le domaine de la psychothérapie. Au lieu de ça, j'ai trouvé en elle des qualités d'écoute et d'attention singulières.
La première séance consiste à faire état de ce qu'on attend du travail thérapeutique. La cicatrisation était le point d'entrée mais ce n'était que l'arbre qui cachait la forêt. En peu de temps, je me livrais à elle comme je ne l'avais jamais fait auparavant avec la psychothérapeute de l'hôpital. Elle a eu le don de me donner la confiance et le courage de parler. Elle identifia plusieurs traumas psychiques qu'elle me proposa de traiter en plusieurs séances.
Aujourd'hui encore elle a toute ma reconnaissance pour m'avoir aidée à surmonter bien des événements douloureux. Elle continue de m'accompagner et me soutenir dans les étapes de surveillances et de reconstruction.
Alors que je commençais tout juste le traitement contre le staphylocoque, j'ai pu constater dès le lendemain, des premiers signes de cicatrisation. La force du mental est décidément bien plus puissante qu'il n'y parait. Et quelques jours plus tard ce n'était plus qu'un mauvais souvenir.
Vient alors le temps de la rééducation. Si j'avais repris doucement à marcher normalement, je restais encore très peu mobile au niveau des bras et du haut du dos. J'ai commencé alors la kiné de manière intensive, 2 à 3 fois par semaine. Le kiné du village d'à côté n'était pas équipé de LPG, je me rendais donc environ une fois par semaine à Château Renault, à 1h de la maison. Un sacré petit périple mais qui garantissait de mettre toutes les chances de mon côté pour me rétablir au mieux.
Entre temps, la surveillance du cancer se poursuivait. J'avais tenu informé le Professeur à la Pitié des complications liées aux opérations. Le contrôle de l'ACE devait donc être décalé. Malgré toute la compassion dont elle pouvait témoigner, je sentais une pointe amère de "je vous l'avais bien dit"...
Le 14 avril, c'était donc de nouveau au tour de mon rendez-vous annuel avec le radiothérapeute munie d'une batterie d'analyse de sang. Malgré mes indications auprès du laboratoire, le taux d'ACE a quand même été contrôlé. Heureusement, il était redescendu à la normale. Une petite victoire aussi pour le moral ! Tous les autres marqueurs étaient également au vert. Je venais de vivre un nouvel épisode de montagne russe entre stress puis soulagement...