Le 14 février, rendez-vous de contrôle avec le chirurgien. L'examen clinique vient appuyer le diagnostic de Magali. Le quartilage au bout de la côte est effectivement passé en dessous d'une autre côte. Rien de grave, ça devrait se remettre avec le temps. Voilà qui, à quelques jours de notre départ au ski, fini de me rassurer.
Mais l'objet du rendez-vous c'est surtout de faire le point sur la reconstruction. On passe enfin à l'étape suivante. Il me met en contact avec la tatoueuse pour le tatouage en 3D.
J'ai longtemps attendu ce moment, la confirmation que le chapitre de la reconstruction allait enfin se clore. Un sentiment de soulagement et d'excitation que je n'arrive pas à cacher.
Prudent, il me rappelle qu'on n'exclut pas la possibilité de refaire un lipofilling si ça devait bouger dans les prochains mois. Rabat-joie ;)
Je prends aussitôt contact avec elle. Je suis en peu impressionnée. J'ai découvert son travail quand j'étais en chimio. Une infirmière joyeusement bavarde et volubile s'était un jour installée avec moi pour me montrer des vidéos de reconstruction. Elle m'avait présenté le travail de cette tatoueuse comme "la" référence en la matière et on s'était amusées à regarder, comparer tout un tas de vidéos. J'avais poussé les recherches un peu plus loin sur internet et j'avais découvert que cette technique avait été développée il y a plus de 15 ans aux Etats-Unis par le tatoueur Vinnie Myers mais que la pratique peinait à se développer en France. Une alternative beaucoup plus pérenne que la dermopigmentation médicale pratiquée en hôpital, qui a tendance à s'estomper au bout de deux ans et qui ne couvre que l'aréole. La principale distinction du tatouage de reconstruction 3D par rapport au tatouage de reconstruction esthétique ou médical, réside dans l'utilisation de pigments différents. Contrairement aux pigments médicaux utilisés à l'hôpital ou aux pigments utilisés pour le maquillage semi-permanent en institut, le tatouage de reconstruction 3D utilise les mêmes pigments permanents, sûrs et réglementés que ceux utilisés dans les salons de tatouage. Ces pigments permanents ne s'estompent pas avec le temps, ce qui en fait une procédure définitive.
En 2017, cette tatoueuse, ex-chercheuse spécialisée en oncologie, est la seule spécialiste formée en Europe. Elle intervient en milieu hospitalier à Gustave Roussy ou à l'institut Curie et décide alors de créer son propre cabinet de manière à étendre et démocratiser cette pratique.
En 2019, quand je commence à m'intéresser au tatouage 3D, je suis inondée d'articles sur elle dans les résultats des moteurs de recherche. Pour moi, elle est inaccessible et je suis loin d'imaginer que je serai adressée à elle quatre ans plus tard...
Depuis, elle avait migré dans le sud, à Draguignan dans le Var. Elle ne pratiquait plus qu'à temps partiel. Les places étaient chères et il fallait être prête à se rendre jusque là-bas. Je l'étais.