Dans une radiothérapie, les rayons produits par une source externe sont dirigés vers la région du corps à traiter (sein, prostate…) afin d’éliminer les cellules cancéreuses. La radiothérapie est dite transcutanée car les rayons traversent la peau pour atteindre la tumeur. Ces rayons sont émis en faisceau ciblé sur la tumeur par une machine appelée accélérateur linéaire de particules.
Le déroulement d’une radiothérapie repose sur un travail d’équipe entre le manipulateur, le physicien, le dosimétriste, coordonnés par l’oncologue radiothérapeute:
L’oncologue radiothérapeute (radiothérapeute): C’est le médecin spécialiste des traitements des cancers par radiothérapie. Il adapte chaque radiothérapie aux caractéristiques du cancer et à chaque patient. Outre sa participation aux réunions de concertation pluridisciplinaires, le radiothérapeute est responsable de l’indication du traitement, de sa préparation et de son bon déroulement. Le radiothérapeute participe, avec les autres professionnels impliqués, à la surveillance du patient pendant et après le traitement.
Le radiophysicien (physicien médical): C’est un spécialiste en radiophysique médicale. Il définit, en collaboration avec l’oncologue radiothérapeute, les modalités précises du traitement : le type de rayons, leur dosage, leur répartition pour chaque séance de radiothérapie… Il est chargé du fonctionnement et du contrôle de la qualité des appareils de radiothérapie et de radiologie.
Le dosimétriste: C’est la personne qui participe, avec l’oncologue radiothérapeute et le physicien, au calcul de la dose de rayons nécessaire à la radiothérapie et à la planification du traitement.
Le manipulateur: C’est le technicien responsable du maniement des appareils de radiothérapie. Il est chargé de veiller au bon déroulement des séances de radiothérapie, en collaboration avec le physicien et l’oncologue radiothérapeute. Lors de chaque séance, le manipulateur s’occupe du patient dans la salle de traitement, l’aide à s’installer, lui explique le déroulement de la séance et vérifie que les régions à traiter sont bien délimitées. Il s’assure également qu’il ne présente pas de réactions anormales.
Une radiothérapie externe comporte quatre étapes majeures :
- le repérage de la zone à traiter ou phase de simulation ;
- le calcul de la distribution de la dose (dosimétrie) ;
- le traitement proprement dit ;
- la surveillance pendant et après le traitement.
La phase de repérage
L’oncologue radiothérapeute, assisté d’un manipulateur, repère la cible sur laquelle les rayons vont être dirigés et les organes à protéger (on parle d’organes à risque). Il s’agit de déterminer les faisceaux de rayons que le radiothérapeute va utiliser, leurs dimensions et leurs orientations pour irradier la tumeur et épargner les organes sains voisins. Certaines tumeurs, comme les tumeurs de la peau, sont directement visibles. Pour d’autres tumeurs, on utilise pour le repérage une imagerie en deux dimensions. Pour la plupart des cancers, on utilise une imagerie en trois dimensions (3D) explorant les organes internes. Elle est réalisée à l’aide d’un scanner ou d’un simulateur scanner.
Cette étape peut durer de 30 minutes à plus d’une heure. Il peut y avoir plusieurs séances de préparation. Elles se déroulent dans une salle spéciale, appelée salle du simulateur ou salle du scanner, en fonction de l’appareil utilisé. Il arrive que le traitement commence directement, mais c’est rarement le cas.
Pendant ce repérage, la position est soigneusement définie. Ce sera la position à reprendre lors de chaque séance.
La position varie en fonction de la zone à traiter, de l’état et de la morphologie du patient. La position doit être la plus confortable possible afin de la reprendre à chaque séance de radiothérapie.
Parfois, une immobilisation à l’aide d’équipements particuliers qui servent de moyens de contention (moules ou masques thermoformés) est nécessaire; ils sont spécialement confectionnés par un manipulateur, éventuellement assisté du médecin.
Des points de repère sont dessinés sur la peau ou sur le système de contention. Ces points de repère doivent être conservés pendant toute la durée du traitement. Sur la peau, ils sont dessinés avec de la peinture violette ou un feutre de couleur. Ils sont alors recouverts d’un film adhésif transparent imperméable (film de protection) pour qu’ils ne s’effacent pas sous la douche.
2. L'étape de dosimétrie
Des études scientifiques ont défini les doses de radiothérapie à administrer en fonction du type et du stade du cancer, de l’organe à traiter, de l’âge et des traitements antérieurs. Ce sont les doses standards. L’oncologue radiothérapeute précise aussi les limites de doses acceptables par les organes à risque situés à proximité de la tumeur.
L’étape de dosimétrie consiste, pour le physicien et le dosimétriste, à réaliser une étude informatisée de la distribution de la dose de rayons à appliquer à la zone à traiter, et à optimiser avec l’oncologue radiothérapeute la technique d’irradiation.
Le plan de traitement définitif qui établit notamment la dose et ses modalités de délivrance (dose par séance, nombre de séances, espacement des séances…) est validé conjointement par l’oncologue radiothérapeute et le physicien.
3. Le traitement en pratique
Un traitement par radiothérapie nécessite plusieurs séances. Généralement, une séance par jour, sur une durée de quatre à cinq jours, et ce, durant plusieurs semaines.
Dans certains cas, notamment pour éviter une fatigue excessive liée aux déplacements, il arrive que le nombre de séances soit réduit (une à trois séances par semaine). Il n’y a habituellement pas de séance de radiothérapie les week-ends et les jours fériés.
Le temps passé en salle d’attente peut paraître long et stressant. Les horaires prévus peuvent parfois être bousculés par des contrôles sur les appareils ou par un surcroît d’activité par exemple.
La salle dans laquelle se déroule la radiothérapie est une pièce qui respecte les normes de protection contre les rayonnements radioactifs.
Le patient est installé par le manipulateur sur la table de traitement dans la position qui a été déterminée lors de la phase de repérage. Les rayons sont dirigés de façon précise vers la région à traiter : le patient doit alors éviter de bouger pour que les rayons n’atteignent pas des parties du corps qu’il n’est pas nécessaire de traiter.
Il faut parfois installer des caches pour moduler l’irradiation venant d’un faisceau. Mais ces caches sont de plus en plus souvent remplacés par des collimateurs multilames équipant l’accélérateur de particules. Il s’agit de petites lamelles indépendantes préprogrammées par ordinateur pour prendre la forme voulue lors de l’irradiation.
Le premier jour de la radiothérapie, il y a une vérification de la prévision du traitement et la mise en place réelle sous l’appareil de traitement. Des images de contrôle sont réalisées pour vérifier qu’il est conforme à ce qui était prévu et valider ainsi le plan de traitement.
L’appareil de radiothérapie démarre seulement lorsque tous les contrôles de la machine et du traitement sont effectués.
Pendant la séance, le patient est seul dans la salle mais en lien continu avec les manipulateurs : il est possible de communiquer avec eux par le biais d’un interphone et le patient est surveillé par une caméra vidéo. En cas de besoin, le traitement peut être immédiatement interrompu.
Le positionnement sur l’appareil est régulièrement vérifié, de même que la dose de rayons réellement délivrée. Des images de contrôle sont réalisées pendant le traitement pour vérifier qu’il est conforme à ce qui était prévu.
Le temps d’irradiation est de courte durée, de l’ordre de quelques minutes. Le temps de présence dans la salle de traitement est généralement d’environ 15 minutes (y compris la mise en place et les contrôles).
L’appareil tourne autour du patient sans jamais le toucher. L’irradiation est invisible et n’est pas douloureuse. On ne ressent aucune sensation particulière.
Les séances de radiothérapie externe ne rendent pas radioactif : il n’y a donc pas de précaution à prendre vis-à-vis de son entourage une fois la séance terminée.
Le plus souvent, la radiothérapie est réalisée en ambulatoire. Néanmoins, une hospitalisation complète est possible lorsque le patient est traité simultanément par chimiothérapie, lorsque qu’il suit un protocole de radiothérapie particulier, si le traitement est réalisé loin du domicile du patient ou si l’état général le nécessite.
4. Le suivi
Le suivi est une surveillance à court et à long terme, régulière et adaptée, qui permet de contrôler l’efficacité de la radiothérapie et de prendre en charge d’éventuels effets secondaires.
Pendant toute la durée du traitement, un point est réalisé chaque semaine lors d’une consultation avec interne oncologue radiothérapeute. Il vérifie le bon déroulement du traitement, contrôle l’apparition d’effets secondaires éventuels et propose si nécessaire des traitements complémentaires.
Après le traitement, le suivi permet de faire un bilan régulier de l’état de santé du patient, de contrôler ainsi les étapes de son amélioration et de détecter (et soigner) d’éventuels effets secondaires tardifs de la radiothérapie.
La difficulté la plus importante liée à la radiothérapie vient du fait qu’en irradiant une tumeur, on ne peut pas éviter totalement d’irradier les tissus environnants. Il y a donc un risque d’altération de cellules saines (c’est-à-dire non cancéreuses) situées à proximité de la zone qu’on souhaite traiter. Cependant, les cellules saines sont capables de se régénérer, à l’inverse des cellules de la tumeur.
On distingue les effets secondaires qui se produisent pendant le traitement et dans les quelques semaines qui suivent, et les effets secondaires qui peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard. Les premiers sont appelés effets secondaires immédiats, aigus ou précoces. Les seconds sont appelés effets tardifs ou encore complications ou séquelles.
Les effets secondaires diffèrent largement d’une personne à l’autre selon la localisation et le volume irradié, la dose délivrée, la radiosensibilité individuelle du patient et son état général.
La fatigue
La découverte du cancer, l’appréhension des examens et des traitements, les déplacements quotidiens pour se rendre aux séances de radiothérapie, les traitements antérieurs (chirurgie ou chimiothérapie), une anémie, etc., provoquent souvent une fatigue physique et morale.
La fatigue a des répercussions importantes sur les activités quotidiennes, ainsi que sur la qualité de vie.
Réaction au niveau de la peau : rougeur de la peau au niveau de la zone irradiée, appelée érythème cutané, semblable à un coup de soleil. Elle varie selon le type de peau. La peau se met ensuite à peler et la rougeur disparaît.
Afin de limiter l’apparition de cet érythème ou de diminuer son intensité, il est recommandé :
- d’éviter de mettre des produits alcoolisés (parfums, lotions, déodorants…) ou des crèmes grasses sur la zone traitée avant la séance. Elles favorisent des brûlures superficielles de la peau ;
- d’éviter les vêtements serrés et préférer les habits larges et doux au contact de la peau (coton, soie) plutôt que les vêtements synthétiques ;
- d’utiliser des savons surgras pour la toilette de la zone traitée. Cette toilette doit être faite avec douceur. Il est conseillé de ne pas frotter directement la zone traitée, et de rincer en laissant couler de l’eau tiède sur le savon, puis sur le corps. Les douches ou les bains trop chauds sont déconseillés ;
- de ne pas exposer la zone traitée au soleil en cours de traitement et dans l’année qui suit ;
- d’appliquer une crème hydratante recommandée par le médecin pour éviter les tiraillements de la peau entre les séances de rayons mais jamais avant une séance;
- d’utiliser, après le traitement, un produit asséchant recommandé par le médecin, pour nettoyer une éventuelle plaie ou un suintement.
Des effets secondaires dits « tardifs » peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard. On parle aussi de complications ou de séquelles.
Les effets secondaires tardifs varient en fonction de la localisation et du volume irradiés, de la dose délivrée, de la radio sensibilité individuelle du patient et de son âge. Les progrès des techniques d’irradiation les ont rendus moins fréquents.
Ils apparaissent au niveau de la zone irradiée et peuvent être de plusieurs types :
- une perte de souplesse de la peau, et/ou un œdème (gonflement lié à une accumulation de liquide au niveau de la zone traitée), surtout au niveau de la cicatrice s’il y a eu une chirurgie avant la radiothérapie
- des douleurs au niveau de la zone traitée;
- une couperose de la peau, qui apparaît 18 mois à deux ans après la fin de l’irradiation. On parle de télangiectasies. Ce sont des petits vaisseaux superficiels dilatés. Cet aspect de couperose est d’autant plus important que la zone irradiée est exposée au soleil. Il est donc fortement conseillé de ne pas s’exposer au soleil pendant la radiothérapie et l’année qui suit, et de se protéger avec une crème solaire d’indice élevé.
* Source: https://www.oncologie-gentilly.com/pdf/guide-rth.pdf