La COVID ayant décalé mon rendez-vous avec la Professeur, il est reporté au 13 décembre. Date difficile encore une fois. Il y a déjà trois ans déjà, jour pour jour, que le verdict était tombé pour ma mère. J'essaye de ne pas y penser. D'aller sereine à ce rendez-vous. Impossible, le corps parle : nœuds dans l'estomac et jambes tremblantes, je rentre fébrile dans son bureau. Malgré les résultats positifs de la prise de sang et des échographies, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre. Je préfère maintenant me préparer à passer un moment difficile, la chute sera moins grande.
Les rendez-vous sont maintenant plus routiniers. On fait le point rapidement sur les résultats, elle réalise un examen clinique. Cette fois, elle insiste davantage sur la nécessité de l'ovariectomie. J'ai 37 ans, l'échéance se rapproche. On sait d'ores et déjà que je vais continuer les traitements antihormonaux pendant les trois prochaines années (8 ans même). Que la probabilité d'avoir un troisième enfant est à la fois compromise par les traitements et pas très raisonnable du point de vue de ma santé. Pourquoi ne pas passer à l'opération dès maintenant ? Je suis quelqu'un de rationnel, je devrais en théorie être en mesure de prendre une telle décision. Mais impossible pour moi. Je n'arrive pas à réprimer mes larmes en sortant de ce rendez-vous. Je ne peux me résoudre encore à ce geste pourtant inéluctable. J'ai le sentiment que tout ma fibre maternelle est ébranlée, une émotion qu'on touche au plus profond de mes entrailles. Puis le sentiment de voir définitivement ma jeunesse s'envoler... Je suis ménopausée artificiellement depuis trois ans mais j'y vois seulement une conséquence médicamenteuse dont je m'accommode. Rendre cet état définitif, c'est comme m'éjecter directement vers le 3ème âge. Je n'y suis pas prête.
Je repars pour un an de traitement et je repousse la décision à l'année prochaine.
Je finis l'année médicale avec le chirurgien de reconstruction. On est le 20 décembre, on évoque la prochaine intervention prévue cette fois en mars 2022, en espérant que ça soit la dernière !